Sadhana : la première étape

En sanskrit, le mot sādhana peut se traduire comme "ce qui peut être fait" ou comme "le moyen nécessaire pour accomplir". C'est un mot que nous utiliserons pour parler de notre pratique personnelle de yoga, que ce soit en dehors ou sur notre tapis. Notre sādhana représente les actions que nous mettons en place au quotidien afin de suivre une direction choisie.

Dans notre monde actuel, beaucoup d'objectifs et de chemins nous sont proposés mais peu d'entre eux reflètent la direction que nous voulons réellement prendre.

Nous nous retrouvons alors tiraillés dans une direction puis une autre, sans réellement savoir laquelle est la nôtre.

Dans la tradition du yoga, selon T. Krishnamacharya, il est considéré plus important de savoir d'abord où nous en sommes et ce que nous sommes, avant de choisir une direction.

Pour cela, la première étape de notre sādhana est tout d'abord de prendre conscience de notre vie telle qu'elle est.

Dans le contexte d'une pratique de yoga, cela peut vouloir dire :

• Prendre conscience de nos capacités physiques. Quels sont les mouvements que mon corps peut facilement ou difficilement faire ?

• Prendre conscience de notre respiration. Est-ce qu'il est difficile pour moi d'inspirer du haut du torse jusqu'à l'abdomen ? Est-ce qu'il est facile pour moi d'expirer en contractant les abdominaux ?

• Prendre conscience de notre relation aux émotions et pensées. Est-ce qu'il est difficile pour moi de ressentir la gamme d'émotions qui se manifeste dans mon corps ? Est-ce qu'il est facile pour moi de me concentrer sur une seule chose sans être distrait par mes pensées ?

Toutes ces choses sont à prendre en considération lorsque nous commençons une nouvelle pratique de yoga. Ce constat nous permettra d'axer certains aspects de notre pratique vers quelque chose de plus physique, respiratoire ou psychologique.

Mais il est important de ne pas simplifier le yoga et de ne pas le transformer en une commodité qui nous permettrait simplement de résoudre un problème, comme le ferait un médicament ou une solution miracle.

Le yoga est avant tout une pratique qui prend en compte l'être humain en entier.

Pour cette raison, lorsque nous prenons conscience de notre vie telle qu'elle est, il est important de ne pas oublier ce qui va déjà bien.

Prendre conscience de ce qui va déjà bien, c'est prendre conscience de ce qui est vivant et bon en nous. Lorsque nous nous focalisons uniquement sur nos problèmes, nous mettons notre attention sur quelque chose de figé et empêchons souvent ce qui est vivant et bon en nous d'être vu et ressenti.

Lorsque nous pratiquons, il est donc essentiel de commencer par être avec le vivant en nous, c'est-à-dire le ressenti physique du corps et la respiration. Les problèmes et les solutions que nous percevons, appartiennent souvent au passé et au futur et n'ont en soit rien de vivant, rien de présent.

Pour cette raison, notre sādhana, ne devrait pas juste être établie sur une volonté de progression future mais elle devrait aussi, et surtout, reposer sur le simple plaisir d'être vivant, maintenant, dans ce corps.

Il n'est alors plus question d'un idéal à atteindre, mais plutôt d'un plaisir simple et présent à ressentir. Un plaisir inhérent au souffle et au ressenti physique.

Un plaisir naturel qui, lorsque pris comme guide pour notre pratique, nous apprendra également à adapter nos postures, notre rythme et notre respiration aux besoins immédiats de notre corps.